[Conseil municipal] Vote d'un voeu municipal relatif à la réforme des retraites
- malakoffencommun
- 2 févr. 2023
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Jacqueline BELHOMME
Maire de Malakoff
Le vœu que je vous présente ce soir au nom de la majorité municipale a pour objet de faire cesser la pagaille et le désordre que le Président de la République et son gouvernement provoquent avec sa réforme des retraites, injuste et dangereuse,e t à défendre les intérêts de Malakoff, et de celles et ceux qui y vivent.
Je ne reviendrai pas sur le contenu même du vœu. Vous avez eu l’occasion de l’étudier, certains groupes l’ont même enrichi. Je veux d’ailleurs les en remercier.
Je voudrais simplement attirer votre attention sur deux points qui me semblent fondamentaux.
D’abord, ce projet, injuste envers l'ensemble des salarié·es du public et du privé, l'est encore plus envers les femmes.
L’étude d’impact de la réforme, révélée dans la presse, indique que le report de l’âge de départ sera clairement plus marqué pour elles. Les femmes nées en 1972 verront leur âge moyen de départ augmenter de neuf mois en moyenne contre cinq pour les hommes de même génération. Pour la génération 1980, l’effort sera deux fois plus important puisqu’elles partiraient huit mois plus tard contre quatre mois pour les hommes.
Il faut ici rappeler que, selon l’INSEE, le revenu salarial des femmes reste inférieur de 22% en moyenne à celui des hommes, et, en 2020, la pension moyenne de droit direct des femmes reste inférieure de 40% à celles des hommes.
Dans cette réforme, la réduction de ce fossé ne se fera que parce que les femmes travailleront davantage que les hommes. Par ailleurs, s’il y aura bien des revalorisations pour les plus modestes – à des niveaux évidemment inférieurs à l’inflation, les fameux 1200 euros resteront un mirage pour beaucoup.
Aujourd’hui, 19% des femmes attendent 67 ans pour avoir une retraite à taux plein et éviter la décote, contre 10% des hommes. Maintenir cet âge à 67 ans, tout en accélérant le nombre de trimestres nécessaires les pénalisera davantage, tout en diminuant le montant de leur pension.
Les femmes, qui sont plus nombreuses à avoir des carrières interrompues et plus nombreuses à subir du temps partiel, sont donc les grandes perdantes de ce projet.
Ensuite, ce projet procède d’une logique productiviste, extractiviste, qui ignore délibérément l’immense défi du dérèglement climatique.
Travailler plus pour cotiser plus, produire plus, consommer plus… il est temps, au contraire, d’inventer ensemble un modèle de développement qui s’appuie sur la protection de nos ressources plutôt que sur leur gaspillage, sur le partage des richesses produites plutôt que sur leur accumulation dans les mains de quelques privilégiés.
La réduction du temps de travail, c’est du temps gagné pour soi, ses proches, pour plus de solidarité et d’attention aux autres, de l’engagement associatif, un rapport plus équilibré à la planète, une consommation plus raisonnée…
A l’inverse, ce projet va pousser celles et ceux qui en ont les moyens à se tourner vers les dispositifs privés d’épargne retraite et d’épargne salariale – ces produits financiers qui reposent le plus sur des investissements dans des énergies fossiles, le financement des industries gazières ou pétrolières. Des placements qui visent la rentabilité immédiate, aveugle, sans égard pour le droit du travail, le bien-être des salariés, la protection de notre planète.
Je ne doute pas que le financement de notre système de retraite soit un sujet majeur.
Le gouvernement nous informe d’ailleurs qu’il faut trouver 20 milliards d’euros d’ici 2030 pour parvenir à un point d’équilibre.
Sauf que le montant des aides publiques dont bénéficient les entreprises s’élevait, en 2019, à 157 milliards d’euros, parmi lesquels 64 milliards de dépenses « socio-fisacles », c’est-à-dire pour une bonne part de baisse des cotisations patronales.
Ainsi, le déficit des retraites est alimenté en réalité par l’accumulation successives des exonérations et des aides dont bénéficient les entreprises, et d’abord les groupes les plus importants, sans qu’il ne soit observé, aux dires même de France Stratégie, d’effet stimulant pour la création d’emploi.
Nous vivons dans un pays qui subventionne deux fois plus ses entreprises qu’il ne finance son service public de l’éducation.
Voici quelques éléments, parmi tant d’autres, qui viennent heurter de plein fouet les axes fondamentaux qui fondent, à Malakoff, nos politiques publiques et l’action quotidienne des agents de nos services publics de proximité : solidarité, éducation, transition écologique. Voilà pourquoi la municipalité est solidaire du mouvement syndical.

Vœu de la majorité municipale relatif
au projet de réforme de retraites
Conseil municipal du 1er février 2023
La réforme des retraites présentée par Emmanuel Macron et le gouvernement est injuste, brutale et injustifiée. Elle revient à faire supporter à l’ensemble des salarié-es, par un report de l’âge légal de départ à la retraite et l’augmentation de la durée de cotisation.
Elle s’inscrit, avec une parfaite cohérence, dans le cadre de la destruction programmée du consensus politique et social élaboré après la guerre dans le programme du Conseil National de la Résistance, et vise à substituer au principe de solidarité une conception individualiste, libérale et concurrentielle des rapports sociaux. Elle affaiblit considérablement le principe d’une retraite par répartition au bénéfice de systèmes privés, accessibles à un très petit nombre.
En repoussant l’âge légal de départ à 64 ans et en accélérant la montée à 43 ans de la durée de cotisation pour toucher une pension à taux plein, cette réforme frappera plus fortement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, dans des métiers durs et particulièrement les femmes qui connaissent des parcours professionnels plus hachés. Elle allongera la période de précarité de celles et ceux qui, avant d'arriver à la retraite, ne sont plus en emploi et connaissent des période de chômage, de RSA, d’invalidités ou encore d’allocation de solidarité spécifique.
Alors que notre pays produit aujourd’hui plus de richesses qu’il y a 20 ans, c’est en réalité la question du partage des richesses et des ressources qui est posée, alors que les 500 plus grandes fortunes sont passées en 10 ans de 200 à 1000 milliards. Il y a là un gisement de ressources qui permettrait de garantir de façon pérenne l’équilibre de notre système de retraites, de même que l’augmentation des salaires, l’égalité des salaires femmes/hommes à travail égal, un effort conséquent pour favoriser le travail des jeunes et des seniors, ou la taxation à 2% des dividendes d’actionnaires.
La fonction publique territoriale est très directement concernée par les problématiques de pénibilité et d’usure professionnelle, avec 75% d’agents en catégorie C. A titre d’exemple, les adjoints techniques hommes ont une espérance de vie inférieure de l’ordre de 2,5 ans par rapport aux agents de catégorie A, selon une étude de la Caisse des Dépôts et Consignations ; ayant commencé à travailler plus tôt, ce seront pourtant eux les premiers touchés par un report de l’âge de départ à la retraite.
Les communes, à l’instar de Malakoff, subiraient l’impact de cette réforme à plusieurs titres. Les communes sont en première ligne, et le plus souvent bien seules, pour amortir grâce aux efforts de leur service public les effets de la précarisation de la société et de son atomisation. Alors que leur dotation chute, et pas seulement au regard de l’inflation, elles seraient amenées à accompagner toujours plus les victimes de la réforme.
Enfin, et contrairement au secteur privé, les communes seront mises à contribution, via l’augmentation annoncée par la Première Ministre de leur cotisation à la CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales), à hauteur de 600 millions d’euros de dépenses supplémentaires annuelles pour les employeurs territoriaux.
C’est pourquoi cette réforme produit, dans ses principes mêmes, des effets délétères pour le financement et les capacités d’action du service public municipal.
Dans ce contexte, les élu-es de la ville de Malakoff émettent le vœu que :
- Le gouvernement retire son projet de réforme des retraites tel qu’il est aujourd’hui proposé
- Le gouvernement entame une concertation ouverte, sincère et la plus large possible avec les organisations syndicales et les groupes parlementaires dans le but de pérenniser le système de retraite par répartition en sanctuarisant les conquis sociaux des salarié-es.
Retrouvez également la tribune de notre groupe dans le magazine Malakoffinfos de février

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