Rapport : Le CCAS se retrouve seul pour répondre aux détresses, alors que d’autres se dérobent.
- malakoffencommun
- 7 oct. 2020
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Intervention de Saliou Ba, Adjoint à la Maire en charge de l'Action sociale, de l'Hébergement d'urgence et de la Jeunesse Conseil Municipal du mercredi 07 octobre 2020 Présentation du rapport d’activité du Centre Communal d'Actions Sociales [CCAS]
Mesdames, Messieurs, Mes cher.e.s collègues, La présentation du rapport annuel d’activité du CCAS au Conseil municipal est l’occasion de faire un point régulier sur l’évolution de ses missions et, principales, de celles des problématiques auquel il est confronté : aides sociales, accompagnement des personnes en situation de handicap, aide à l’autonomie des personnes âgées – autant d’actions qui dessinent, au fil des pages, un profil singulier de notre ville. A travers l’étude de l’activité de l’année écoulée apparaissent des perspectives, des axes prioritaires d’intervention pour l’année suivante. C’est peu dire que, pour cet exercice, le premier que j’ai à conduire dans la délégation que Madame la Maire a bien voulu me confier, la pandémie de Covid-19 a évidemment bouleversé les méthodes de travail, d’organisation, le volume des actions conduites. Elle ne modifie pourtant pas le sens profond de la mission de service public que remplit le CCAS. Je ne ferai pas ici la synthèse du rapport. Vous en avez été les lectrices et les lecteurs attentifs, le débat qui suit mon intervention permettra, le cas échéant, de préciser tel ou tel point que vous souhaiteriez aborder. Je souhaite, en premier lieu, remercier pour ce travail l’ensemble des équipes du CCAS, sous la direction d’Anne Bathily, et notre Directrice Générale Adjointe des services en charge notamment des affaires sociales, Soraya Fontaine-Keyssar. Les remercier également pour leur investissement, leur engagement, dans des missions qui sont souvent dures, humainement difficiles, et qui les mettent souvent en première ligne de la détresse humaine. Vous l’avez compris, l’activité du CCAS est déterminée en premier lieu par l’accueil physique, en Mairie, des personnes qui viennent y chercher aide et accompagnement. Plus largement, c’est notre analyse des besoins sociaux, menée en 2018 et 2019, qui a permis de dresser un diagnostic précis de notre Commune et des publics à cerner plus particulièrement. En tant qu’élu municipal, je suis particulièrement frappé de constater des variations à la hausse très brutales de l’activité du CCAS dans certains domaines : • L’augmentation du nombre de personnes accueillies, +12,6% • L’explosion du nombre de domiciliation, qui a augmenté de 174% en 4 ans et qui est passé à 133 en 2019, alors que la Préfecture nous fixait un objectif de 53 • L’explosion du nombre de secours d’urgence, en augmentation de 77% entre 2018 et 2019 J’y vois, et cette analyse n’est guère contestable, le résultat d’une politique de désertion des territoires menée par l’Etat et que rejoint le Département, dont les responsabilités en matière d’aide sociale sont pourtant conséquentes. Le travail social ne peut se faire qu’en proximité : en rationalisant ces centres d’implantation territoriaux, pour reprendre un bel euphémisme, et en dématérialisant toujours plus les procédures, l’Etat et le Département se désengagent de leurs missions. Ils s’éloignent, de façon tout à fait consciente, de leurs usagers, et remettent clairement en cause leur droit d’accès aux services auxquels elles et ils ont droit. Nous le savons, le non-recours aux droits est un fléau. C’est un marqueur de la déréliction de notre lien social, et un renvoi de celles et ceux qui en sont les victimes vers la clandestinité, la relégation, et l’isolement. Notre CCAS se retrouve donc seul, le plus souvent, en première ligne, pour répondre aux souffrances, aux détresses, alors que d’autres se dérobent. A l’heure où la pandémie de Covid accouche d’une crise économique et sociale qui est et sera, dans les mois qui viennent, d’une ampleur au moins égale à la crise sanitaire que nous traversons, je ne peux que vous faire part de ma très grande inquiétude pour ces familles qui sont frappées de plein fouet et qui peinent à accéder aux dispositifs les plus simples de la solidarité nationale. Dans cette perspective, la volonté forte du CCAS de travailler sur l’inclusion – sous toutes ses formes, et singulièrement la question du numérique, le travail inlassable de mise en réseau et de partenariat avec l’ensemble des acteurs du territoire, le renforcement du travail de lutte contre la précarité et de repérage des situations fragiles me semblent essentiels.
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