[Conseil municipal] #VOEU Non à l'ouverture à la concurrence de l'exploitation des lignes de bus
- malakoffencommun
- 10 déc. 2020
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Conseil municipal du mercredi 9 décembre 2020 Vœu relatif à l’ouverture à la concurrence de l’exploitation des lignes de bus
Texte intégral du voeu Considérant la volonté de Valérie Pécresse, Présidente d’Île de France Mobilités, d’engager au plus vite l’ouverture à la concurrence du réseau de bus à Paris et en petite couronne en vue de son application au 1er janvier 2025 ; Considérant la crise sanitaire se traduisant par une baisse importante de la fréquentation des transports en commun et une fragilisation de l’emploi en Île de France ce qui entrainera une réduction importante des recettes de fonctionnement du transport public ; Considérant qu’en cette période d’incertitude financière, l’ouverture à la concurrence risque d’autant plus d’être guidée par des motifs de réduction des moyens de fonctionnement du réseau de bus ; Considérant que, malgré l’obligation de reprise des salarié·es, l’ouverture à la concurrence se traduira par l’abandon du statut des personnels de la RATP ; Considérant les 19 000 salarié·es de la RATP rattaché·es à l’exploitation du réseau de bus qui seront concerné·es par ces mesures ; Considérant le statut du personnel RATP, plus avantageux qui celui de la convention collective des transports publics urbains, contribue à préserver l’attractivité des postes au sein la RATP dans un contexte de renchérissement continu du coût de la vie dans le centre de l’agglomération parisienne ; Considérant que la dégradation des conditions de travail dans le secteur des transports urbains se traduira immédiatement par d’importantes difficultés de recrutement qui rendront les renforts d’offres d’autant plus difficile à mettre en œuvre ; Considérant que la Ville de Malakoff a élaboré un Plan Global de Déplacement local dont l’un des axes prioritaires vise à l’amélioration de l’offre de transport en commun (bus et métro) et porte le projet de prolongation du tramway T6 ; Considérant que le territoire communal accueille un centre bus RATP stratégique alimentant le sud des Hauts-de-Seine Malakoff et de nombreux agents résidents ou salariés ; Considérant l’unicité de l’exploitation des réseaux de bus, de métro et de RER qui facilite la résilience du réseau de transport en cas d’incident et permet d’organiser plus simplement l’intermodalité autour des pôles d’échanges ; Pour ces motifs, le Conseil municipal de Malakoff émet le vœu que la Ville de Malakoff s’oppose à l’ouverture à la concurrence de l’exploitation du réseau de bus de Paris et de la petite couronne.

Intervention de Catherine MORICE - Conseillère municipale au nom du groupe Malakoff en commun, communistes et citoyen.ne.s "Je ne vous lirai pas le vœu déposé par notre groupe puisque vous avez eu le temps d’en prendre connaissance ces derniers jours. Je me contenterai de vous expliquer en quoi il nous paraît très important de nous exprimer et de voter sur ce sujet aujourd’hui. La privatisation des différentes régies de transport en France n’est pas un sujet nouveau. Cela fait des années, voire des décennies, que les libéraux tentent et arrivent peu à peu à démanteler l’offre publique de transport. Je tiens ce soir à insister sur un point : dans transport en commun, il y a « commun ». Ce n’est pas juste un joli mot, c’est un concept fort de sens, celui du commun, des communs. Il vient de cette belle idée que dans le monde dans lequel nous vivons, celui dans lequel nous voulons vivre, un certain nombre de biens appartiennent à toute l’humanité. Pour nous, il n’est pas concevable de les privatiser. Pour d’autres, cela ne pose aucun problème que l’air, l’eau, le charbon, l’électricité, l’éducation, les transports, soient la possession d’un ou de quelques uns, qu’ils soient objet de marchandisation, de bénéfice à outrance. Nous ne le tolérons pas ! Et nous revendiquons cela, non par idéalisme, mais parce que dans la vie, dans les les faits, les conséquences de la privatisation sont dramatiques pour les usagers et salariés. Non, la concurrence libre et non faussée, n’est pas un synonyme automatique de progrès. Non, la concurrence absolue et permanente n’est pas un gage d’amélioration du service rendu. C’est même souvent le contraire, à moyen et long terme ! Je prendrai un seul exemple : les Britanniques ont privatisé leur réseau ferroviaire. Et pour quels résultats ? Des matériels roulants dégradés et non réparés ; des trains supprimés sans explication et sans alternatives ; des correspondances qui ne correspondent pas d’un train à l’autre, parce que les lignes sont gérées par des opérateurs privés différents qui ne s’en soucient pas ; et surtout un coût des transports qui a explosé, par exemple quand on habite à 45min du centre de Londres, ça peut coûter plus de 4 500 livres sterling (6 000 euros) d’abonnement annuel ! Ce qui est ahurissant et scandaleux avec ces privatisations, c’est que comme pour toutes les grandes énergies (charbon, pétrole, électricité etc), ce sont les Etats, c’est-à-dire les citoyennes et les citoyens, avec leurs impôts, qui ont construit toutes les infrastructures et les réseaux ce qui représente le coût le plus important, comparativement à la gestion. Ne reste plus alors au secteur privé, avec ces acquisitions ou accès aux différents marchés de se remplir les poches. C’est véritable hold-up financier et un manque à gagner pour la puissance publique, comme cela a été dénoncé par-là cour des comptes dans son rapport sur la privatisation des routes ! On aimerait par ailleurs que les tenants du libéralisme dans notre pays s’interrogent davantage sur l’opportunité de ces ouvertures à la concurrence et aux privatisations alors même qu’en janvier 2020, le gouvernement de Boris Johnson a annoncé la renationalisation des lignes ferroviaires du nord de l'Angleterre que le ministre britannique des Transports a qualifiées de « cauchemardesque ». Et pourtant Boris Johnson est loin d’être un communiste ! Nous sommes pour un service public du transport, ici en Ile-de-France, comme partout, et pour soutenir avec détermination la RATP qui est notre opérateur public historique. Au delà de la préservation d’un réseau unique qui est un héritage de l’après-guerre que nous devons défendre avec ferveur, l’ouverture à la concurrence du réseau et donc l’accélération de la privation des transports pose la question de l’égalité d’accès pour toutes et tous aux transports en commun. L’unicité du réseau est une condition indispensable au développement des inter modalités si essentiels aux franciliens et franciliennes. L’heure n’est pas à la confiscation par le secteur privé des biens communs qui conditionnent la qualité de nos vies et sont des leviers à la transition écologique mais bien à leur développements au moyen de service encore plus forts. L’heure n’est pas non plus au dumpings social qui nivelé par le bas les conditions de travail, l’entretien des réseaux et le service rendu aux usagers. Au moment où notre ville a adopté notre PGD, nous ne pouvons laisser faire ! Enfin, notre groupe souhaite ce soir s’adresser aux salaires de la RATP mais aussi de la SNCF pour leur renouveler notre soutien et notre solidarité dans leur combat pour la préservation de leur outil de travail, de leur métier et statut et leur attachement au service public des transports. Pour toutes ces raisons je vous invite mes cher.e.s collègues à voter ce vœu."
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